Conseils pour votre quotidien d'entrepreneur
Pour mettre toutes les chances de votre côté, avant de vous associer, mieux vaut prévoir une période d’observation mutuelle des habitudes et des comportements de chacun. L’échec peut être la conséquence d’une négligence de quelques détails.
La compatibilité avec vos associés exploitants est un facteur décisif pour la bonne conduite de votre exploitation sur le long terme.
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Dans tout projet de regroupement de moyens ou d’exploitations, la première phase consiste à analyser les motivations, les objectifs et les situations respectives des uns et des autres. Cette phase d’observation permet de trouver les convergences, complémentarités et synergies qui feront la réussite du projet collectif.
Mais une fois ce diagnostic établi, puis complété par la définition d’une stratégie partagée, il faut faire vivre ce projet au quotidien et ce peut être là une cause d’échec, inimaginable à l’origine tellement le projet paraissait bien « ficelé ». Et là, une bonne connaissance des pratiques et habitudes propres à chacun prend tout son sens. Selon l’adage bien connu, le diable se cache souvent dans les détails. Lorsque les différences finissent dans le temps par agacer au point de devenir insupportables, la rupture n’est pas très loin.
Essayons d’illustrer cela par quelques exemples qui vous permettront de vous projeter.
« Il n’est jamais à l’heure ! »
Chacun d’entre nous a fait le constat que ce sont toujours les mêmes qui sont ponctuels aux rendez-vous et aux réunions, ou à l’inverse toujours en retard… Lors des réunions de concertation pour des projets ou tout simplement pour l’organisation du travail de la journée, par exemple, un minimum de discipline est indispensable pour permettre des échanges communs et fructueux. Un manque chronique de ponctualité peut conduire à l’exclusion du processus décisionnaire et engendrer par là-même des frustrations. Dans un autre registre, certaines personnes sont matinales et d’autres plutôt du soir. Tout va bien si le partage des tâches correspond aux rythmes biologiques de chacun mais dans le cas contraire, les contraintes peuvent être pesantes pour certains.
Socialement, il ne faut pas sous-estimer les contraintes familiales (situation de l’épouse, scolarité des enfants...) qui conduisent parfois à des obligations ou des rythmes de travail différents. Le sujet peut être sensible en présence de générations différentes et d’autant plus important que ces contraintes évoluent avec le temps.
« On ne s’en sortira pas ! Avec sa manie de toujours couper les cheveux en quatre… »
Cette phrase résume les divergences d’approche observables face à une situation, un calcul et une décision à prendre. Si cet état d’esprit peut apporter un complément d’analyse à une approche superficielle, tant mieux ; en revanche cela peut constituer un frein à la prise de décision et entraîner des conflits.
« C’est autant le chantier dans son atelier que dans la cabine de son tracteur !! »
Que l’on soit maniaque de la propreté ou laxiste, les membres de l’association doivent être globalement sur la même longueur d’onde. L’importance de la place accordée à l’entretien du matériel et des installations est un point essentiel. Le niveau d’exigence dans ce domaine conduit nécessairement à des priorités dans le planning des tâches.
« Il est aussi brusque avec ses animaux qu’au volant »
Les animaux s’accommodent mal d’une attitude trop brusque et encore moins d’un changement de méthode de conduite. La responsabilité d’une éventuelle baisse de productivité serait inévitablement portée sur la personne perçue comme telle par ses coassociés. Il en serait de même si une casse de matériel survenait. Avec le temps, on imagine les conséquences sur les relations internes…
« Il va devoir faire ses preuves » ou « il ne va pas nous en montrer dès son arrivée »
L’intégration d’un jeune dans une structure existante n’est pas sans poser quelques interrogations. N’ayant pas eu la possibilité de se révéler, il devra nécessairement avoir une démarche honnête sur son caractère vis-à-vis de ses futurs associés et faire preuve d’une bonne capacité d’adaptation. Rien ne l’empêchera cependant d’apporter des connaissances ou des idées nouvelles pour le plus grand bénéfice du groupe. Un état d’esprit avant tout…
Au travers de ces quelques exemples volontairement anecdotiques mais néanmoins réalistes, vous aurez compris que la personnalité des membres d’une association est un élément essentiel à intégrer dans la réflexion préparatoire. L’ouverture d’esprit et la tolérance sont bien sûr les ingrédients nécessaires à toute association, mais les détails de la vie quotidienne peuvent prendre beaucoup d’ampleur dans le temps au point de créer de véritables tensions à l’intérieur d’un groupe.
Dans la phase préparatoire au regroupement, l’identification et la mesure de ces différences comportementales est nécessaire, mais la principale difficulté sera d’évaluer le degré de tolérance de chaque individu et son évolution dans le temps afin de créer les conditions de la réussite.
Article réalisé en partenariat avec Cerfrance
Lors de l’intégration d’un nouvel associé, certains points de vigilance économiques sont à prendre en compte et à suivre au fil du temps.
Intégrer un nouvel associé dans une société agricole existante, ou en créer une nouvelle, nécessite de construire une relation durable dans le temps. Cela passe par un travail en amont mais s’entretient également tout au long de la vie du groupe.
Que l’on soit exploitant individuel ou déjà en société, les raisons d’envisager de se regrouper peuvent être nombreuses. Pour un projet qui vous engage, mieux vaut prendre le temps de la réflexion et séquencer votre démarche avec méthode.
Pour installer un nouvel exploitant, comme lors de toute autre évolution de l’entreprise, il ne faut pas faire les choses à l’envers : c’est le projet qui doit être mis en avant. Le juridique doit être à son service et le sécuriser pour pouvoir passer de l’idéal au réalisable.