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- Les « néo-matériaux » dans le BTP : tour d’horizon
Page publiée le 12/06/2025
Les « néo-matériaux » dans le BTP : des innovations au service de l’écologie
Le secteur du bâtiment est l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre (34 % des émissions mondiales en 2024)(1) et sa consommation massive de matériaux exerce une pression importante sur des ressources naturelles non renouvelables. Dans ce contexte, les « néo-matériaux » émergent comme des solutions d’avenir : moins polluants, favorisant l'économie circulaire et souvent produits localement, ils répondent aux impératifs environnementaux et sociétaux.
Qu’est-ce qu’un « néo-matériau » ?
Les « néo-matériaux » désignent des solutions innovantes conçues pour remplacer ou améliorer les matériaux traditionnels, notamment dans le secteur du BTP. Il s’agit de matériaux alternatifs qui permettent :
- De pallier la raréfaction des ressources classiques (sable, ciment, gravier) ou d’en limiter la surconsommation(2) ;
- De réduire l’impact carbone des chantiers ;
- De valoriser les déchets et de contribuer à la création de circuits courts.
Ces matériaux peuvent être issus du recyclage et du réemploi (coquilles, textiles), ou encore de ressources renouvelables naturelles (chanvre, lin).
Panorama des « néo-matériaux » prometteurs
La famille des « néo-matériaux » regroupe une grande variété de solutions, de différentes natures : organiques ou minérales, recyclées ou biosourcées…
Les coquilles d’huîtres
En France, la production d’huîtres génère en moyenne 8 000 tonnes de déchets par an : les coquilles. Sous-produit des filières conchylicoles, ces ressources sont aujourd'hui en partie valorisées grâce à des procédés innovants. Du fait de leur solidité et de leur impact environnemental quasi-nul, ces produits peuvent être réutilisés en tant que béton allégé, revêtement décoratif, ou comme isolant naturel. Outre sa grande disponibilité, notamment dans les régions littorales françaises, ce matériau a l’avantage de cocher toutes les cases du circuit-court, de l’économie circulaire et du bas carbone(3).
La terre crue
La terre crue est un matériau millénaire, disponible en grande quantité sous la première strate de terre végétale, à peu près partout dans le monde. De la brique en terre crue à la brique compressée, et jusqu’au pisé, mélange compacté de terre, de sable et d’argile crue, il existe de nombreuses façons d’exploiter la terre crue dans le bâtiment. Cette matière offre de nombreux avantages : des propriétés écologiques évidemment, mais aussi des propriétés de régulation thermique et d’isolation, ainsi qu’une forte recyclabilité(4). Grâce à tous ces atouts, la filière terre crue est particulièrement appréciée pour l’habitat contemporain(5).
Les matériaux biosourcés
Les matériaux biosourcés sont issus de la matière organique renouvelable, végétale ou animale. Si la nature de ces matériaux est multiple, leur utilisation potentielle l’est tout autant : structure, isolants, mortiers et bétons, matériaux composites. Les bienfaits de ces matériaux pour le secteur du bâtiment sont nombreux : grande capacité de stockage du carbone, propriétés respirantes, bon déphasage thermique. Ces capacités leur permettent donc de répondre au code de la construction et de l’habitat, tout en apportant des avantages indéniables pour la transition énergétique du secteur(5).
Le chanvre, par exemple, est utilisé dans le BTP pour sa capacité à isoler, qui constitue une alternative aux laines minérales, mais également en tant que béton-chanvre pour des structures de bâtiments(6). D’autres matériaux biosourcés d’intérêt pour le secteur du BTP sont le lin et la paille. La France est le premier producteur mondial de lin, ce qui permet au pays d’avoir un accès direct et local à ce matériau aux bonnes propriétés isolantes. La paille, quant à elle, peut s’utiliser sous forme de botte, d’enduit ou de panneaux compressés pour l’isolation(7).
Pourquoi adopter les « néo-matériaux » ?
Les raisons de s’approprier les « néo-matériaux » dans le BTP sont nombreuses, tant pour les entreprises du secteur que pour leurs clients. Tour d’horizon.
Des avantages certains pour les entreprises du BTP…
L’avantage premier des « néo-matériaux » et des matériaux biosourcés tient à leur efficacité énergétique, leur empreinte carbone moindre et leur durabilité. Ils s’inscrivent dans une démarche d’économie circulaire, en permettant de recycler et de valoriser des produits issus de l’agriculture, du domaine forestier ou de l’élevage. En offrant de nouveaux débouchés à ces filières, les « néo-matériaux » deviennent peu à peu un moteur de l’économie locale(7).
De plus, les « néo-matériaux », composés en majorité de matière organique disponible en abondance ou renouvelables, apportent une réponse aux problématiques d’approvisionnement en ressources(8).
Certains matériaux biosourcés, enfin, offrent un confort amélioré grâce à leurs propriétés de régulation thermique et d’isolation acoustique(7).
…et pour leurs clients
Du point de vue des clients des entreprises du BTP, les « néo-matériaux » offrent de nombreux avantages et contribuent activement à la décarbonation du secteur.
Côté finances, les « néo-matériaux » permettent bien souvent de réduire la consommation d’énergie des bâtiments, une fois les premiers coûts amortis.
Enfin, le recours à ces matériaux permet de construire des bâtiments plus sains, avec des composés moins nocifs, sans effets néfastes sur la qualité de l’air intérieur par exemple. En résumé, des bâtiments plus confortables pour leurs occupants(9).
Des freins à lever pour une adoption massive
Le recours aux « néo-matériaux » présentent donc des avantages certains par rapport aux matériaux plus traditionnels. Pourtant, leur adoption peine à se généraliser.
Des contraintes techniques et administratives
Le déploiement des « néo-matériaux » dans le bâtiment se heurte encore à plusieurs contraintes techniques et administratives. Les normes en vigueur, comme les DTU (documents techniques unifiés) ou les avis techniques, sont souvent conçues pour des matériaux traditionnels, largement éprouvés, et s’appliquent difficilement aux solutions innovantes. Or la reconnaissance réglementaire des « néo-matériaux » implique des procédures longues, coûteuses et parfois rigides, du fait d’une structuration par métier. Cela explique également pourquoi les assureurs ne sont pas toujours prêts à assurer une entreprise utilisant ces matériaux(10).
Si les cadres réglementaires et environnementaux, comme la RE2020, encouragent leur adoption, la reconnaissance dans les marchés publics reste lente. Les habitudes du secteur, les freins assurantiels et les surcoûts initiaux constituent autant d’obstacles à une généralisation rapide de ces solutions pourtant prometteuses.
Un besoin de formation et d’équipement
Accélérer le recours aux « néo-matériaux » dans le bâtiment suppose aussi de renforcer la formation et l’équipement des professionnels. Artisans et entreprises doivent maîtriser de nouvelles techniques de pose, de stockage et d’entretien, propres à ces matériaux innovants. Cela passe par des parcours de formation adaptés et la mise à disposition d’outils spécifiques. Un accompagnement de proximité dans les territoires via les chambres des métiers ou les collectivités locales est également essentiel pour faciliter leur adoption et soutenir les acteurs locaux dans cette transition(5).
Une équation économique
Bien que plus coûteux à court terme en raison des faibles volumes encore produits ou de procédés de fabrication artisanaux, les « néo-matériaux » deviennent compétitifs sur le long terme grâce à leur durabilité, leur intégration dans l’économie circulaire et les incitations fiscales comme le Crédit d’Impôt Recherche(11). Leur déploiement peut être accéléré par des leviers comme les aides à l’innovation de Bpifrance et de l’ADEME, dans le cadre de France 2030.
Une chaîne de valeur à réinventer
Pour que ces matériaux soient adoptés plus largement, toute la chaîne de valeur du secteur, du bureau d’études au chantier, doit être impliquée. Pour les promouvoir plus largement, certaines pistes sont étudiées, comme l’inscription des « néo-matériaux » dans les appels d’offres par les maîtres d’ouvrage ou le développement d’outils pour faciliter les retours d’expérience et les démonstrations.
Sources :
(1) UNEP - 2025 - Here’s how buildings contribute to climate change - and what can be done about it (en anglais)
(2) futura-sciences.com - 2024 - Les secrets des matériaux de demain pour l’architecture et la décoration -
(3) ouest-france.fr - 2024 - « Le matériau naturel le plus résistant » : des routes, maisons et meubles en coquilles d’huîtres
(4) passerelles.essentiels.bnf.fr - 2023 - Construire en terre crue
(5) ecologie.gouv.fr - 2024 - Matériaux de construction biosourcés et géosourcés
(6) ffbatiment.fr - 2022 - Le chanvre, une filière en devenir
(7) bigmedia.bpifrance.fr - 2024 - Matériaux biosourcés : usages et avantages pour l’éco-construction et les entreprises
(8) ffbatiment.fr - 2023 - Pourquoi utiliser des matériaux biosourcés dans les bâtiments
(9) bigmedia.bpifrance.fr - 2024 - Éco-construction, bâtiment durable : quels avantages pour les entreprises ?
(10) ffbatiment.fr - 2023 - Assurabilité des matériaux biosourcés
(11) entreprendre.service-public.fr - 2025 - Crédit d’impôt recherche (CIR)
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