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Page mise à jour le 19/01/2022

RE2020 : ce qui change pour le secteur BTP

La Règlementation Environnementale des bâtiments neufs ou « RE2020 » est entrée en application le 1er janvier 2022, pour les maisons individuelles et les logements collectifs. Des étapes ultérieures viendront s'ajouter jusqu'en 2031. Inscrite dans un objectif national de neutralité carbone pour 2050, elle fait considérablement évoluer les normes de la construction neuve en matière de performances énergétiques, régies jusqu’ici par la RT2012. Professionnel du BTP, quels changements la RE2020 va-t-elle impliquer pour vous ? Décryptage.

Entrant en vigueur le 1er janvier 2022, la RE2020 doit remplacer l’actuelle réglementation thermique RT2012. Elle a notamment pour ambition de diminuer l’impact carbone des bâtiments.
© Adobestock, Elenathewise

Qu’est-ce que la RE2020 ? 

La Réglementation Environnementale 2020 (RE2020), prévue par la loi « Évolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique » (ÉLAN), est la nouvelle norme qui remplace la Réglementation Thermique 2012 (RT2012). Au-delà des simples critères de performances thermiques, elle prend en compte toute la vie du bâtiment, de sa construction à sa démolition. 

Elle poursuit trois objectifs : 

  • Produire des bâtiments qui consomment moins et utilisent des énergies moins carbonées ;
  • Ménager une transition progressive vers des constructions bas carbone en misant sur la diversité des modes constructifs et la mixité des matériaux ; 
  • Concevoir des bâtiments plus agréables en cas de forte chaleur.

Depuis le 1er janvier 2022, elle concerne les constructions neuves de logements individuels et collectifs dont le permis de construire a été déposé depuis le 1er janvier 2022. Les bâtiments tertiaires (bureaux, locaux scolaires…), devraient être soumis à cette réglementation à partir du 1er juillet 2022.

Des objectifs plus ambitieux que la RT2012 

La RE2020 sera progressivement plus exigeante, avec plusieurs jalons en 2025, 2028 et 2031.

Elle repose sur quelques indicateurs-clés : 

  • L’indicateur Bbio : il traduit le besoin en énergie d’un bâtiment (chauffage, éclairage artificiel et refroidissement du bâtiment) pour rester à une température confortable, en fonction de la qualité de son isolation et de sa conception générale. La RE2020 prévoit d’abaisser le seuil maximal imposé par la RT2012 en matière de besoin bioclimatique des logements de 30 % en moyenne ; 
  • La consommation d’énergie primaire totale (dont la part d’énergie primaire non renouvelable) ainsi que l’impact sur le changement climatique associé à ces consommations ;
  • L’impact des composants du bâtiment sur le changement climatique : la RE2020 est expérimentée depuis 2016 par les professionnels du bâtiment à travers le Label E+/C- (énergie positive / réduction carbone), qui intègre un calcul de l’analyse en cycle de vie (ACV) de l’impact carbone de l’ensemble des matériaux et équipements du bâtiment, assorti de seuils maximaux (en kgCO2/m2) à respecter ;
  • La limitation des situations d’inconfort en période estivale : cet indice est exprimé sous forme de degrés-heures d’inconfort (DH) pour mesurer le confort d’été, en remplacement de l’ancienne TIC (Température intérieure conventionnelle). La RE2020 fixe un seuil haut maximal de 1250 DH qu’il sera interdit de dépasser, ce qui correspondrait à une période de 25 jours durant laquelle le logement serait continûment à 30 °C le jour et 28 °C la nuit.

Enfin, des seuils maximaux d’émissions de gaz à effet de serre (GES) des consommations d’énergie sont prévus depuis le 1er janvier 2022 :

  • Pour les maisons individuelles, 4 kgCO2/m2/an en principe (ce seuil exclut de fait les systèmes utilisant exclusivement du gaz) ;
  • Pour les logements collectifs, 14 kgCO2/an/m2 (laissant la possibilité d’installer du chauffage au gaz à condition que les logements soient très performants énergétiquement) ; puis 6,5 kgCO2/m2/an dès 2025 pour les logements collectifs (excluant de fait le chauffage exclusivement au gaz).

Autre nouveauté : tous les bâtiments neufs vont devoir présenter un bilan énergétique passif, autrement dit produire autant d'énergie qu’ils en consomment. Dans certains cas, il est même conseillé de viser un bilan positif, c’est-à-dire que les bâtiments doivent produire plus d’énergie qu’ils n’en consomment. Il s’agit alors de bâtiments à énergie positive, aussi appelés Bepos. 

Quel impact sur le secteur du BTP ?

L’enjeu majeur de la RE2020 est de diminuer significativement les émissions carbone du bâtiment. Elle repose pour cela sur une transformation progressive des techniques de construction, des filières industrielles et des solutions énergétiques. 

Le bilan énergétique passif imposera vraisemblablement aux constructeurs la pose systématique de panneaux solaires et de ballons d’eau chaude thermodynamiques pour présenter un bilan passif, voire positif.  

Les nouveaux plafonds d’émission de CO2 auront notamment pour conséquence, à terme, la fin du chauffage au gaz(1), pour laisser place aux pompes à chaleur, aux chauffages à granulés de bois et à des modes de chauffage électrique performants. Des solutions innovantes, y compris hybrides (telles des pompes à chaleur utilisant un léger appoint de gaz en cas de grand froid) devront être déployées.

Pour faciliter cette transition, des permis de construire pour des maisons individuelles chauffées au gaz pourront encore être obtenus jusqu’à fin 2023.

S’agissant du confort d’été des bâtiments, le seuil de DH à ne pas dépasser demandera des efforts de conception : les solutions de climatisation dites « passives » devront être développées, qu’il s’agisse par exemple de la forme du bâtiment, de son orientation, de la protection contre le soleil, de l’installation de brasseurs d’air ou encore de puits climatiques.

(1) Ministère de la Transition écologique, dossier de presse « RE2020, éco-construire pour le confort de tous », février 2021
 

Construire plus souvent avec du bois

La réglementation impose également une exigence de résultat en termes de matériaux et vise à encourager une diversité des modes constructifs. Les constructions futures devront utiliser davantage le bois, y compris en structure (gros œuvre) dans les maisons individuelles et le petit collectif. Sont également recommandés les matériaux biosourcés (produits avec de la matière organique renouvelable d’origine végétale ou animale), y compris dans le gros œuvre, mais également les matériaux géosourcés (comme la pierre de taille ou la terre crue) et des matériaux plus usuels (brique et béton notamment) selon leur trajectoire de décarbonation.
 
A contrario, les matériaux de synthèse issus de la pétrochimie ou gourmands en énergie comme le béton seront pénalisés.

Les laines minérales (laine de verre, laine de roche) traditionnellement utilisées en isolation, elles, devront être remplacées par des matériaux plus vertueux comme le chanvre, le bois ou la ouate de cellulose. 

À travers ces exigences, c’est une transformation profonde de la manière de construire qui s’engage et qui va mobiliser l’ensemble de la filière du bâtiment pendant les mois et années à venir. Des guides et formations sont en cours d’élaboration par l’Ademe, le Cerema, l’AICVF, le CSTB ou encore le Plan Bâtiment Durable. Retrouvez tous les accompagnements ici
 

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© contrastwerkstatt/AdobeStock
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