Connexion Pro

Conseils pour votre quotidien d'entrepreneur

Page mise à jour le 29/08/2022

La transmission à titre gratuit de votre exploitation agricole

La transmission familiale à titre gratuit de votre exploitation agricole doit être anticipée pour expliquer votre projet, recueillir l’adhésion de vos proches et limiter les risques de conflits. Préparer la transmission de votre exploitation bien en amont de votre cessation d’activité vous permet de trouver les meilleures réponses aux questions fiscales et juridiques.

La transmission à titre gratuit d’une exploitation agricole implique des conséquences juridiques et fiscales qu’il faut mesurer avant de cesser son activité.
© PointImages / Shutterstock.com

Préparer la transmission de votre exploitation agricole

Avant de transmettre votre exploitation agricole, il est important d’identifier un repreneur potentiel. L’idéal est d’en parler à votre entourage entre 5 et 10 ans avant la fin de votre activité. Vous pouvez demander à vos enfants ou votre conjoint s’ils sont susceptibles de reprendre votre activité lors de votre départ à la retraite par exemple. Si vous avez un successeur, vous pourrez échanger avec lui pour déterminer les orientations à prendre pour l’exploitation à la fin de votre carrière, tout en anticipant les contraintes fiscales. 

3 points à avoir à l’esprit dans le cadre d’une transmission à titre gratuit 

1. Le statut du fermage

En principe, la cession du bail rural (appelé fermage) est interdite, sauf lorsqu’elle est organisée dans un cadre familial, en faveur d’un descendant ou d’un conjoint, si ce dernier a participé à l’exploitation (époux, partenaire de PACS ou concubin). Elle peut dans ce cas être permise sous réserve d’obtenir l’accord de votre bailleur. Pour cela, vous devez avoir respecté les obligations imposées par le bail (tel que le paiement du fermage), pendant toute la durée du contrat. En cas de refus du propriétaire, c’est au tribunal paritaire des baux ruraux d’autoriser ou non la cession.   

2. Les Safer ont un droit de préemption

Avec ce droit de préemption, les Sociétés d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural (Safer) sont prioritaires pour acquérir les biens agricoles (ou les droits sociaux correspondant à ces biens) qui ont fait l’objet d’une donation, d’une vente, d’un échange ou d’un apport en société du vivant du donateur (hors succession), comme  :

  • Les biens immobiliers non bâtis à usage agricole et les biens mobiliers qui y sont attachés ;
  • Les terrains nus à vocation agricole ;
  • Les bâtiments d’exploitation et les habitations faisant partie de l’exploitation ; 
  • Ainsi que les biens qui ont été utilisés pour une activité agricole au cours des 5 dernières années. 

Elles sont informées par les notaires des projets de vente de biens ruraux et peuvent les acheter à la place de l’acquéreur prévu initialement. Les Safer ont un délai de deux mois pour se manifester. Néanmoins, votre cession à titre gratuit peut échapper à ce droit de préemption si :

  • Elle est réalisée au profit de vos ascendants ou descendants ;
  • Elle est réalisée au profit de vos collatéraux (frères et sœurs, oncles et tantes, neveux et nièces, cousins et cousines), jusqu’au 6e degré ;
  • Elle est réalisée au profit de votre époux ou partenaire de PACS ;
  • Le preneur en place est lui-même titulaire d’un droit de préemption en vertu d’un bail à ferme ;
  • Le bien visé par l’opération est en indivision.


3. L’autorisation d’exploiter

Votre cession familiale reste soumise au respect de la réglementation relative au contrôle des structures. C’est le cas pour toute personne qui s’installe ou s’agrandit : une autorisation préalable pour la mise en valeur de terres agricoles peut être nécessaire. 

En cas de donation ou de succession à un parent ou allié jusqu’au 3e degré inclus – hors mariage- , une simple déclaration préalable peut suffire, si 4 conditions sont réunies :

  • Le repreneur possède les capacités professionnelles (être titulaire d’un diplôme ou certificat d’un niveau équivalent au brevet d’études professionnelles agricoles ou au brevet professionnel agricole) ou l’expérience agricole prévues par la réglementation et n’a pas atteint l’âge de la retraite (expérience de 5 ans minimum acquise sur une surface au moins égale à la moitié de l'unité de référence compte tenu de la nature des cultures effectuées, en qualité d'exploitant, d'aide familial, d'associé d'exploitation, de salarié agricole ou de collaborateur d'exploitation) ;
     
  • Les biens transmis sont libres de location au jour de la déclaration ;
     
  • Les biens transmis sont détenus par le parent ou l’allié depuis 9 ans au moins ;
     
  • Vous transmettez les biens à une personne qui s’installe ou vient consolider votre exploitation (sous réserve de ne pas dépasser un seuil de superficie, fixé par le schéma directeur régional des exploitations agricoles, au-delà duquel une autorisation est nécessaire).

À savoir

Si l’une de ces conditions n’est pas remplie, vous relevez du régime de l’autorisation à exploiter.

Choisir votre mode de transmission en vue de votre cessation d’activité 

Vous avez le choix entre plusieurs modes de transmission à titre gratuit pour préparer votre succession. Vous pouvez notamment opter pour :

  • La donation simple, dans la limite de 100 000 euros par enfant ;
     
  • La donation en nue-propriété : vous conservez alors l’usufruit de l’exploitation et des bâtiments ;
     
  • La donation en avancement de part successorale : vous consentez à attribuer à votre enfant repreneur une partie de sa part d’héritage en avance (et préservez ainsi un équilibre entre vos différents héritiers) ;
     
  • La donation hors part successorale : vous avantagez votre descendant repreneur par rapport aux autres, en lui permettant de recevoir plus que sa part normale (dans la limite des biens revenant légalement aux autres héritiers).

Bien souvent, la valeur de l’exploitation excède les droits successoraux de votre enfant donataire ou la quotité disponible. Pour éviter de porter atteinte aux droits de vos autres héritiers, votre enfant repreneur devra les dédommager, en leur versant une somme d’argent égale à cette différence de valeur. C’est pourquoi il est recommandé de recourir à la donation-partage plutôt qu’à la donation simple. Par cet acte notarié, vous attribuez, de votre vivant, un lot de biens ou de droits à chacun de vos enfants. Ce partage est effectué de manière définitive et avec l’accord de vos héritiers. Autrement dit, il ne pourra pas être remis en cause à votre décès.

À noter

Même si vous choisissez la donation-partage, rien ne vous oblige pour autant à partager votre patrimoine en parts égales. Vous pouvez privilégier l’un de vos enfants si vous le souhaitez, tant que vous respectez la réserve héréditaire.

Les dispositifs fiscaux favorables à la transmission familiale

Des solutions existent pour alléger le coût fiscal de votre transmission :

  • La signature d’un bail à long terme permet par exemple de bénéficier d’une exonération partielle des droits de mutation à titre gratuit ;
     
  • La constitution d’un groupement foncier agricole (GFA) permet de préserver l’unité de l’exploitation agricole et de la partager équitablement entre les héritiers. Sur le plan fiscal, cette solution est avantageuse et permet une exonération des trois quarts de la valeur jusqu’à 300 000 euros et de 50 % au-delà(1), à condition de respecter certaines conditions (le donateur doit avoir détenu les parts pendant au moins deux ans, la durée du bail entre le GFA et l’exploitant doit être d’au moins 18 ans et les repreneurs doivent rester propriétaires des parts pendant cinq ans minimum une fois la transmission à titre gratuit effectuée) ;
     
  • La souscription d’un pacte Dutreil donne droit quant à lui à un abattement de 75%, sans limitation de montant, sur la valeur des biens ou des parts sociales transmis (sous réserve de respecter certaines conditions). Une diminution des droits de 50 % peut s’y ajouter dans le cadre d’une donation de titre en pleine propriété avant les 70 ans du donateur ;
     
  • Le démembrement de propriété vous permet de séparer l’usufruit et la nue-propriété et ainsi de transmettre votre patrimoine en deux temps. Au moment de votre décès, les droits de succession seront calculés sur la valeur de la nue-propriété et non sur l’ensemble de la propriété.

En transmettant à titre gratuit votre exploitation agricole à l’un de vos descendants, cela entraîne pour vous une cessation d’activité et par conséquent une perte de revenu. Vous pourriez peut-être bénéficier d’une exonération des plus-values de cession totale, si vous êtes resté en activité au moins cinq ans et que l’activité est restée strictement identique ou si votre chiffre d’affaires est inférieur à 250 000 euros(2).

À SAVOIR

En transmettant à titre gratuit votre exploitation agricole à l’un de vos descendants, cela entraîne pour vous une cessation d’activité et par conséquent une perte de revenu. Vous pourriez peut-être bénéficier d’une exonération des plus-values de cession totale, si vous êtes resté en activité au moins cinq ans et que l’activité est restée strictement identique ou si votre chiffre d’affaires est inférieur à 250 000 euros(2).

(1) Comment transmettre une exploitation familiale agricole - Heritage & Succession  https://www.heritage-succession.com/article-comment-transmettre-une-exploitation-familiale-agricole.html
(2) Impact fiscal et social d’une cession d’exploitation – Terre Connect – Janvier 2021 https://terreconnect.fr/impact-fiscal-social-cession-exploitation-exoneration-plus-values

Voir tous les sujets de la thématique

.


© kate_sept2004/iStock
Pour une retraite en toute sérénité

Vous souhaitez céder votre exploitation agricole tout en conservant votre niveau de vie une fois à la retraite ? Vous travaillez en famille et vous vous demandez quelle solution mettre en place pour votre conjoint ?

Avec la solution retraite MMA PER Avenir pour les professionnels, vous déterminez dès aujourd’hui la stratégie la mieux adaptée à vos besoins futurs.

Votre Agent Général MMA

Trouver l'agence MMA la plus proche de chez vous.