Vendre en coopérative agricole : le bon plan pour les petites exploitations ?

Rejoindre une coopérative agricole, c'est mutualiser ses ressources avec d'autres agriculteurs et profiter de la force du collectif. Un choix à la fois économique et humain qui peut vous permettre de mieux vendre et valoriser votre production.

La coopérative agricole permet aux agriculteurs de mettre en commun certaines de leurs ressources.
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Qu’est-ce qu’une coopérative agricole ?

Une entreprise démocratique pour et par les agriculteurs

Une coopérative agricole est une entreprise créée et gouvernée par et pour les agriculteurs. Ces organisations permettent de mutualiser toutes les ressources nécessaires aux missions des exploitants : la production, le conditionnement, le stockage, la transformation, l'approvisionnement ou encore la commercialisation des produits. Quelle que soit sa forme, la coopérative agricole vise à défendre au mieux les intérêts de ses adhérents, selon un principe central : l’union fait la force.

Les coopératives agricoles prennent la forme de sociétés de personnes. Chaque adhérent dispose de parts sociales au sein de la coopérative et peut voter pour élire ses représentants au sein du conseil d'administration. Les administrateurs définissent les orientations stratégiques de l'entreprise, tout en contrôlant l'action de l'équipe dirigeante.

En fin d'année, le conseil d'administration présente son action à l'occasion de l'assemblée générale de la coopérative. Chaque agriculteur dispose d'une voix pour exprimer son opinion, quel que soit son poids économique, permettant de faire vivre l'organisation selon un principe démocratique.

Une très grande variété de coopératives agricoles

Céréales, viticulture, lait, légumes, viande, fruits... Tous les types de productions agricoles disposent de coopératives agricoles. On distingue toutefois :

Les coopératives polyvalentes qui rassemblent plusieurs ou tout type de productions ;
Les coopératives spécialisées qui se concentrent sur un type spécifique de production.

BON À SAVOIR

Selon la dernière édition de l'étude « Les 100 plus grandes entreprises coopératives françaises », les 65 principales coopératives agricoles ont réalisé 71,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2020⁽¹⁾. Les 10 organisations les plus importantes en termes de chiffre d’affaires sont⁽¹⁾ :

Agrial (polyvalente)
Invivo (céréales)
Sodiall Union (lait)
Terrena (polyvalente)
Tereos (sucre)
Eureden (polyvalente)
Vivescia (céréales, meunerie et malterie)
Axéréal (céréales, meunerie et malterie)
Cooperl Arc Atlantique (viande)
Even (lait)

Pourquoi rejoindre une coopérative agricole ?

Mutualiser les ressources des adhérents

La coopération agricole permet tout d’abord de partager les ressources immatérielles des adhérents. Cette organisation va en effet regrouper les capitaux, les investissements et même certaines charges d’exploitation. Grâce à cette concentration des moyens, elle dispose de davantage de poids que chaque agriculteur pris individuellement.

Rejoindre une coopérative agricole, c’est aussi un moyen de mutualiser les ressources humaines des agriculteurs. Les exploitants peuvent en effet partager auprès des autres adhérents leurs compétences, leurs savoir-faire, leur main-d’œuvre ainsi que leurs réseaux et contacts.

Dans certains cas, ce modèle économique va aussi mutualiser le matériel agricole. La coopérative peut en effet acheter des outils de production et les mettre à disposition de ses adhérents. Ces derniers ont ainsi accès à des machines qu'ils n'auraient pas pu financer par eux-mêmes.

Partager les risques à l’échelle de la coopérative

Selon la forme de la coopérative agricole, chaque membre est associé, adhérent ou sociétaire. Les exploitants partagent ainsi l’ensemble des risques, notamment financiers, le plus souvent à hauteur de leur investissement au sein de l’entreprise.

Attention toutefois, les associés d'une société de personnes sont tous personnellement responsables des dettes de la société de manière indéfinie et solidaire. Les créanciers de la société peuvent donc demander à être remboursés sur le patrimoine personnel d'un des associés.

La coopération permet également aux agriculteurs d'être mieux armés face aux nombreux défis rencontrés par le monde agricole : accroissement de la concurrence, crises sectorielles, aléas climatiques ou encore difficultés d'approvisionnement. Il est ainsi possible de compter sur la force du collectif pour affronter ces différents risques. En cas de crise rencontrée par un ou plusieurs exploitants, la coopérative apporte une aide financière, matérielle, logistique, juridique ou encore humaine.

Valoriser le travail des agriculteurs

La coopérative est le représentant des exploitants et la figure de proue du monde de l’agriculture. Grâce aux moyens mutualisés de ses adhérents, elle dispose du poids nécessaire pour défendre et valoriser le travail des agriculteurs, aussi bien auprès des consommateurs, des entreprises (distributeurs, fournisseurs, etc.) que des pouvoirs publics.

Au quotidien, la défense et la valorisation des intérêts des membres de la coopérative peuvent s’exprimer de plusieurs manières : campagnes de communication à destination du grand public, propositions de loi, négociation auprès des distributeurs ou encore lobbying.

Coopérative agricole : quels avantages ?

1. Garantir la qualité et la traçabilité des produits

La coopérative agricole entretient un lien étroit avec les exploitants : elle peut notamment les conseiller et les accompagner dans leur travail, mais aussi imposer des normes de production. À ce titre, elle est la garante de la traçabilité et de la qualité des productions agricoles. Ce n’est d’ailleurs pas sans raison si les premiers signes de qualité et d’origine sont nés grâce au travail de coopératives, tels que le Label Rouge, l’Indication géographique protégée (IGP) et l’Appellation d’origine protégée (AOP).

De plus, la coopération agricole permet de commercialiser une grande diversité de productions. À titre d’exemple, elle peut promouvoir :

Des produits du terroir, produits en petite quantité et protégés par des signes officiels de qualité ;
Des produits régionaux pour valoriser les productions locales ;
Des produits de grande consommation, destinés au marché européen et mondial ;
Des produits pas ou peu transformés pour l'export ou l'industrie.

2. Renforcer son pouvoir de négociation

Individuellement, chaque exploitant dispose d’un poids moindre face à ses partenaires, dont les géants de la distribution. À contrario, la mutualisation des ressources permet à la coopérative d’avoir une taille significative et donc de bénéficier de davantage de force et d’influence. À titre d’exemple, la coopérative Agrial rassemble 12 000 sociétaires et a réalisé près de 6 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2020⁽¹⁾.

La coopérative dispose ainsi de davantage de poids à la table des négociations avec les distributeurs, mais aussi avec les fournisseurs, les banques ou même les pouvoirs publics. En fonction des intérêts de ses membres, elle peut par exemple peser dans la définition des prix et volumes de production, mais également dans l’élaboration de nouvelles réglementations.

40 %

C’est la part que représente le modèle coopératif en France, soit 104 milliards d'euros de chiffre d'affaires⁽²⁾.

3. Renforcer la performance de l’exploitation

La coopérative fournit des conseils et des ressources techniques pour aider les agriculteurs à prendre les bonnes décisions. À titre d’exemple, elle peut apporter son expertise pour l’analyse des forces et faiblesses de l’exploitation, le choix d’une culture, la conversion à l’agriculture biologique, la réduction des pesticides ou encore le volume de production. De quoi permettre aux exploitants de gagner en performance économique et technique.

La coopération permet également de bénéficier de solutions pour mieux planifier et répartir les cultures au sein de l’exploitation, notamment en fonction de vos surfaces et prévisions de production. Elle offre également de la flexibilité car elle peut faire profiter d’un relai humain pour prendre des congés.

4. Trouver plus facilement un marché

Grâce à sa parfaite connaissance du marché, la coopérative est en mesure d’orienter et de guider les productions afin de les valoriser au mieux. En plus de regrouper l’offre des adhérents, elle peut recommander les produits à privilégier et/ou les volumes à produire afin de défendre au mieux les intérêts économiques des agriculteurs.

Pour un petit exploitant, la coopération agricole permet aussi de mieux maîtriser la commercialisation des produits car elle va influer sur les règles de distribution : le prix de vente, les circuits de distribution, les modalités d’acheminement des produits, etc.

Elle peut constituer un appui de taille pour développer des projets innovants et/ou élargir son offre de produits, notamment dans l’optique de s’ouvrir de nouveaux marchés.

5. Favoriser l’installation et l’adaptation

En plus d’aider à vendre, la coopérative agricole peut favoriser l’installation des agriculteurs grâce à divers dispositifs : le portage foncier agricole pour faciliter l’acquisition de terres, des aides financières pour l’achat de matériel ou encore des accompagnements techniques par exemple.

La coopérative agricole est enfin source de conseils pour aider les agriculteurs à adapter leur exploitation, leurs cultures ou encore leurs pratiques pour répondre aux défis auxquels ils sont confrontés et ainsi assurer la pérennité des ventes.

^{(1) Les 100 plus grandes entreprises coopératives françaises : édition 2022 – Coop FR - 2023

(2) Observatoire économique et financier : clôture 2022 - HCCA – 2023}

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