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Page mise à jour le 22/08/2024

Agriculteurs : notre guide pratique pour bien utiliser les produits phytosanitaires

L’usage de produits phytosanitaires peut présenter un danger pour la santé humaine et pour l’environnement, a fortiori dans le domaine agricole. C’est pourquoi, un ensemble de règles de sécurité sont à suivre par les entreprises et les personnes en contact avec ces produits.

Le plan Écophyto II vise une réduction de moitié de l’utilisation de produits phytosanitaires en France d’ici à 2025.
© Aluxum / Istock

Au sommaire de cet article 

Qu’est-ce qu’un produit phytosanitaire ?

Les produits phytosanitaires, aussi appelés phytopharmaceutiques, sont des produits de synthèse servant principalement à lutter contre les bioagresseurs : ce sont les organismes vivants qui attaquent les plantes cultivées.

Plus couramment désignés sous le terme de « pesticides », les produits phytosanitaires peuvent être classés en trois grandes catégories(1).

  • Les insecticides utilisés contre les insectes ravageurs ;
  • Les herbicides utilisés contre les mauvaises herbes ;
  • Les fongicides utilisés contre les champignons.

À la marge, les produits phytosanitaires désignent aussi les substances agissant sur la croissance et la conservation des végétaux.

DES PRODUITS INTERDITS AUX PARTICULIERS

Depuis le 1er janvier 2019, l'utilisation de produits phytosanitaires chimiques est interdite aux particuliers et jardiniers amateurs(2).

Comment être autorisé à utiliser des produits phytosanitaires ?

L’obligation d’être titulaire du Certiphyto

Les professionnels ont l'obligation d'obtenir un certificat individuel pour utiliser, vendre ou acheter des produits phytosanitaires : le Certiphyto. Cette obligation concerne tous les types d'activité : agricole, forestière, biologique ou encore industrielle par exemple(1).

On distingue deux cas de figure permettant de respecter cette règle.

  • Votre entreprise n’est pas soumise à agrément : vous n’avez pas l’obligation de demander le Certiphyto, à condition que chaque salarié utilisant ces produits dispose du certificat ;
  • Votre entreprise est soumise à agrément : votre entreprise et vos employés en contact avec des produits phytosanitaires ont chacun l'obligation d'être titulaire du certificat.

Quel Certiphyto demander ?

Si vous utilisez des produits phytopharmaceutiques, vous avez principalement le choix entre trois certificats(1) :

  • Le DENSA pour l'utilisation des produits phytopharmaceutiques dans la catégorie décideur en entreprise non soumise à agrément ;
  • Le DESA pour l'utilisation des produits phytopharmaceutiques dans la catégorie décideur en entreprise soumise à agrément ;
  • L'OPE pour l'utilisation des produits phytopharmaceutiques dans la catégorie opérateur.

Toutefois, deux autres certificats peuvent vous concerner si vous ne faites pas qu'utiliser ces produits :

  • Le certificat pour le conseil à l'utilisation des produits phytopharmaceutiques ;
  • Le certificat pour la mise en vente, vente et distribution à titre gratuit de produits phytopharmaceutiques.

Comment vos salariés peuvent-ils obtenir le Certiphyto ?

Que votre entreprise soit soumise ou non à agrément, vos employés peuvent obtenir le Certiphyto de trois manières différentes(1).

  • Obtention automatique s'ils ont obtenu leur diplôme il y a moins de 5 ans, à condition que celui-ci fasse partie de la liste des diplômes éligibles ;
  • Réalisation d'un test auprès d'un organisme de formation habilité si vos salariés pensent avoir les connaissances nécessaires pour obtenir le certificat sans formation préalable ;
  • Formation de 14 à 28 heures auprès d'un organisme de formation habilité.

Vous pouvez demander le Certiphyto en ligne et/ou contacter la Draaf (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt) pour en savoir plus sur le test et la formation.

VALABLE PENDANT 5 ANS

Le certificat individuel de produits phytopharmaceutiques est valide pendant 5 ans. Dans l'année précédant sa fin de validité, vous devez renouveler votre demande. Vos salariés doivent remplir les mêmes conditions que précédemment (diplôme de moins de 5 ans, test ou formation) pour que la demande soit acceptée.

Quels produits phytosanitaires choisir ?

Les produits phytopharmaceutiques ont des effets non négligeables sur la santé humaine et sur l'environnement. Il est donc essentiel de choisir des produits adaptés et dont l'impact sera limité. Dans l’idéal, privilégiez(3) :

  • Des produits spécifiquement efficaces contre le bioagresseur que vous ciblez et non génériques, idéalement compatibles avec les pollinisateurs et les insectes auxiliaires ;
  • Des produits dont le classement toxicologique est faible, notamment pour un usage sur des sites fréquentés par des individus vulnérables (enfants, personnes âgées, etc.) ;
  • Des produits avec un fort taux de dégradation afin qu'ils se dissipent plus rapidement ;
  • Des produits peu sensibles aux lessivages, notamment en privilégiant des produits systémiques, afin que les substances actives ne soient pas dissoutes trop rapidement par l’eau et entraînées dans le sol.

Dans tous les cas, vous devez lire attentivement l'étiquette et la conserver afin de prendre connaissance de la dangerosité du produit et des précautions à adopter.

Comment protéger les utilisateurs de produits phytopharmaceutiques ?

Quels sont les risques pour les utilisateurs de pesticides ?

Les personnes utilisant les produits phytosanitaires sont exposées à de nombreux risques lors des traitements, mais aussi lors d'autres interventions : préparation des mélanges, remplissage des cuves, vidange des cuves, nettoyage des équipements, etc. Le risque est d’autant plus grand que les pesticides peuvent pénétrer dans l'organisme via différentes voies(4) :

  • La voie respiratoire lors de l'inhalation de vapeurs, de poussières ou encore de gaz ;
  • La voie digestive en cas d'ingestion accidentelle ou en portant ses mains à la bouche ;
  • La voie cutanée, avant d'éventuellement pouvoir entrer en contact avec le sang.

Brûlure, réaction allergique, troubles digestifs, diminution de la fertilité, voire même cancer : les conséquences en cas de mauvaises utilisations sont nombreuses et généralement graves.

Comment réduire les risques de contamination ?

Les utilisateurs doivent adopter certains gestes de sécurité lors de chaque intervention au contact des produits phytopharmaceutiques (application, préparation du mélange, nettoyage des équipements, etc.)(3) :

  • Éviter tout contact avec le corps : il est primordial que les produits ne rentrent pas en contact avec la peau, la bouche et les yeux notamment. Les applicateurs ont d’ailleurs l'interdiction de boire, de manger et de fumer lorsqu’ils utilisent des pesticides ;
  • Porter des EPI : vous devez équiper les utilisateurs d'équipements de protection individuelle (EPI), dont des combinaisons, des lunettes, des gants, des bottes et des masques. Leur utilisation doit être systématique ;
  • Recommander la douche : dans la mesure du possible, vous devez permettre aux applicateurs de prendre une douche après avoir manipulé des produits. À défaut, il faut rendre le lavage des mains et du visage obligatoire ;
  • Entretenir le matériel : les équipements doivent être systématiquement inspectés afin de s'assurer de leur bon fonctionnement, notamment pour éviter tout risque de fuite ou de projection accidentelle. Un contrôle technique des pulvérisateurs est d'ailleurs obligatoire tous les 3 ans(6).

62 % DES AGRICULTEURS CONTAMINÉS

suite à l'utilisation de produits phytosanitaires ne portaient pas de gants. Les contaminations interviennent le plus fréquemment à la suite d'incidents sur le matériel, lors de la préparation du mélange et lors du travail sur le site après traitement(5).

Comment protéger les usagers des sites publics ?

Vous pouvez être amené à utiliser des produits phytosanitaires au sein de zones accessibles au public et/ou d'espaces ouverts. Sur de tels sites, vous devez redoubler de vigilance afin de protéger les usagers.

  • Interdire l’accès au site : le site doit être fermé au public durant toute la durée de l’application et jusqu'à 48 heures après la fin du traitement ;
  • Décaler les horaires d'application : vous devez idéalement traiter le site en dehors des jours et horaires de fréquentation des usagers ;
  • Réduire la dérive : vous devez éviter au maximum que les produits appliqués ne dérivent aux abords du site. Vous pouvez notamment installer des haies autour de la parcelle et utiliser des buses anti-dérives, permettant de créer de grosses gouttes moins sensibles aux effets du vent.

Quand utiliser les produits phytosanitaires ?

L’arrêté du 4 mai 2017 relatif à la mise sur le marché et à l'utilisation des produits phytopharmaceutiques et de leurs adjuvants définit les périodes au cours desquelles il est autorisé d’utiliser des produits phytosanitaires :

  • Par vent faible : la pulvérisation et le poudrage sont interdits si le vent a une intensité supérieure à 3 sur l'échelle de Beaufort, soit environ 19 km/h. Dans l’idéal, l’intensité du vent doit être encore inférieure afin de limiter la dérive ;
  • Délai avant récolte : il est interdit d'appliquer des produits phytosanitaires moins de 3 jours avant la récolte. Ce délai minimal, consultable sur l'étiquette du produit, peut être porté à 120 jours pour certaines substances ;
  • Délai de rentrée : il est interdit de pénétrer sur la parcelle moins de 6 heures après l'application du produit phytosanitaire. Ce délai minimal peut être porté jusqu'à 48 heures pour les produits les plus dangereux.

Quelles sont les distances d’utilisation vis-à-vis des sites sensibles ?

Vous devez respecter des distances de sécurité lors de l’utilisation de produits phytosanitaires, tout particulièrement si vous intervenez à proximité(7) :

  • De ZNT (zones non traitées) cours d'eau : une distance minimale de 5 à 100 mètres doit être respectée selon la nature du point d'eau naturel (cours d'eau, plan d'eau, fossé, etc.) ;
  • De ZNT personnes vulnérables : une distance comprise entre 5 et 20 mètres (selon la nature du produit et de l'activité) doit être respectée aux abords des zones d'habitation et des zones accueillant des personnes vulnérables (crèches, écoles, hôpital, EHPAD, etc.).
  • Ces distances peuvent d'ailleurs être réduites si des directives locales le prévoient.

 

(1) Certificat individuel de produits phytopharmaceutiques (Certiphyto ou CI-phyto) - Entreprendre Service Public - 2024
(2) À partir du 1er janvier 2019, seuls les produits phytopharmaceutiques d'origine naturelle seront disponibles pour les jardiniers amateurs - Ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire – 2020
(3) Comment mieux utiliser les produits phytos ? - Écophyto Pro - 2016
(4) Prévention des risques chimiques (produits phytopharmaceutiques et autres ...) - Ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire - 2024
(5) Phyt'attitude - MSA – 2021
(6) Conditions d'emploi des produits phytosanitaires - Chambre d'agriculture Marne – 2024
(7) Utilisation des produits phytosanitaires - Chambre d'agriculture Lot - 2024

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