Artisans du BTP : vous n’avez pas seulement l’obligation de fournir des vêtements de travail adaptés. Mais il faut veiller à leur entretien.…
Conseils pour votre quotidien d'entrepreneur
Le secteur du BTP enregistre chaque année un nombre important d'accidents du travail et de maladies professionnelles (AT/MP). En tant qu’employeur, comment se prémunir contre des conséquences juridiques et financières de plus en plus lourdes ? Éléments de réponse.
L’obligation de sécurité sur un chantier est assimilée à une obligation de résultat par la Cour de cassation.
© Moodboard/Thinkstock
En tant qu’employeur, vous avez une obligation de sécurité envers vos collaborateurs. Il vous incombe donc de mener les actions de prévention, de formation et d’information à leur attention. C’est notamment pour cette raison qu’il est demandé aux employeurs de produire un document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP). Obligatoire dès l’embauche de votre premier salarié, le DUERP permet d'évaluer les risques pour la santé et la sécurité de vos salariés.
En cas de manquement constaté après un accident du travail ou une maladie professionnelle, le principe de la faute inexcusable de l’employeur pourrait être invoqué contre vous si le salarié victime montre que vous aviez conscience du danger et que vous n'aviez pas pris les dispositions requises pour le protéger. Vous, ou vos subordonnés, pouvez alors être condamné à :
Les personnes se trouvant dans l’une des situations suivantes ne sont, en revanche, pas tenues d’apporter de preuve de la faute :
Depuis 2002, la Cour de cassation assimile l’obligation de sécurité à une obligation de résultat, on parle désormais « d’obligation de sécurité de résultat » dès lors qu’un contrat de travail est signé. De même, après le rendu de quatre arrêts le 8 octobre 2020, la deuxième chambre civile insiste encore davantage sur cette notion d'obligation légale de sécurité, en la couplant avec l’obligation légale de protection de la santé.
Par conséquent, la responsabilité de l’employeur est engagée de plein droit du seul fait de l’inexécution de son obligation de sécurité et de protection de la santé. D’un point de vue pratique, cela vous oblige, en tant qu’employeur à tout mettre en œuvre pour éviter les accidents ou maladies professionnelles.
Si vous ne pouvez pas échapper aux poursuites en tant qu’employeur, leurs conséquences seront considérablement amoindries si vous pouvez prouver :
En cas d’accident ou de maladie professionnelle, un employeur doit démontrer qu’il a communiqué précisément auprès de ses salariés sur les risques qu’ils encourent, préconisé des mesures adaptées pour y faire face et pris les mesures de prévention et de protection qui s’imposent.
Si vous travaillez avec d’autres entrepreneurs, vous devez réaliser un plan de prévention des risques communs pour :
Votre responsabilité peut, d’autre part, être engagée non seulement en raison de votre propre faute inexcusable, mais également du fait de celle des personnes à qui vous avez délégué des responsabilités (article L. 452-1 du code de la Sécurité sociale). En pratique, cela signifie que vous pourrez être tenu responsable de fautes commises par les cadres, les chefs d'équipe ou les chefs de chantier de votre entreprise.
En tant que chef d’entreprise vous devrez, en outre, être en mesure de prouver :
Les actions devant les tribunaux en reconnaissance de faute inexcusable ont augmenté. Être bien assuré est plus que jamais essentiel pour faire face à ces situations.
Une garantie faute inexcusable de l’employeur, non obligatoire, peut-être inclue dans votre contrat d'assurance Responsabilité civile professionnelle. L'étendue, le montant ou les franchises de la garantie peuvent varier d'un assureur à l'autre.
En cas d’accident, la meilleure garantie pour l’employeur est :
Lorsqu’un de vos salariés (même un intérimaire) se blesse, informez rapidement votre assureur. Il vous indiquera la marche à suivre si vous recevez une mise en cause pour faute inexcusable de la part de la caisse primaire d’assurance maladie, des victimes ou de toute autre organisation.
Il saura notamment vous conseiller quant au déroulement des opérations (enquête, justice),vous indiquer la conduite à tenir et les mesures à prendre (constat d'huissier, expertise…) et vous préciser les conséquences d’éventuelles poursuites.
C’est ce qui est arrivé récemment à une entreprise, dont l’un des salariés a fait une chute mortelle en voulant dégivrer un appareil situé sur un pylône. Son épouse, désormais veuve, invoque alors la faute inexcusable devant le Tribunal des Affaires de la Sécurité sociale pour obtenir une indemnisation.
Le tribunal correctionnel a reconnu l’employeur pénalement responsable pour insuffisance d’évaluation des risques, absence de formation et mise à disposition de matériel de protection obsolète. À ce titre il a été condamné à 15 000 € d’amende.
Un premier jugement du tribunal correctionnel a abouti à la condamnation de la société au pénal à 30 000 € d’amende pour insuffisance d’évaluation des risques, absence de formation et mise à disposition de matériel de protection obsolète. Il a échappé à une peine de prison avec sursis.
La constitution de partie civile de la veuve de l’employé et ses deux filles a, par ailleurs, été déclarée recevable devant le tribunal correctionnel. Cela signifie qu’elles peuvent demander une majoration de la rente ainsi qu’une réparation du préjudice moral devant le Tribunal des Affaires de la Sécurité sociale.
Le Code de la Sécurité sociale prévoit que des indemnisations peuvent être versées en dédommagement des préjudices suivants :
Depuis une décision du Conseil Constitutionnel du 18 juin 2010, le périmètre d’indemnisation a été élargi et comprend désormais :
Dans le cas de figure évoqué, la majoration de rente a été évaluée à plus de 211 416 €, avec attribution de 90 000 € de préjudice moral répartis entre la veuve du salarié décédé et ses enfants (30 000 € pour la veuve et 30 000 € par enfant).
La garantie faute inexcusable peut prendre en charge ces montants ainsi que les frais de défense pénale, les frais d’avocat si vous en avez un (jusqu’à un certain montant). Seule l’amende de 15 000 € n’est pas prise en charge.
À noter : le déficit fonctionnel permanent, c’est-à-dire les souffrances qui suivent l’accident du travail, n’est plus réparé par la rente d’après l'article L. 434-2 du code de la sécurité sociale.
Veillez à être particulièrement vigilant en matière de prévention des risques de chute de hauteur : c’est une priorité pour toutes les entreprises, et une nécessité absolue dans le secteur du BTP.
Ce type d’accidents représente en effet :
(1) Décret n° 2001-1016 du 5 novembre 2001.
(2) Ameli.fr, https://www.ameli.fr/loire/entreprise/sante-travail/risques/chutes/risque-sous-estime#:~:text=Les%20chutes%20de%20hauteur%20et,origine%20de%2050%20%25%20des%20sinistres
.
En cas d’accident de travail d’un de vos salariés, si vous ne lui avez pas remis d’équipements de sécurité ou si vous ne contrôlez pas qu’ils le portent, vous pourriez être mis en cause pour faute inexcusable de l’employeur. L’assurance de la faute inexcusable de l’employeur est proposée dans votre contrat d'assurance multirisque professionnelle MMA BTP(1). Parlez-en à votre Agent Général MMA.
(1) Nos prises en charge sont faites en application des garanties/options souscrites ainsi que des conditions, limites, exclusions de garanties fixées aux conditions générales (CG n°343) et aux conditions particulières du contrat MMA BTP disponibles sur mma.fr ou en agence.
Artisans du BTP : vous n’avez pas seulement l’obligation de fournir des vêtements de travail adaptés. Mais il faut veiller à leur entretien.…
Le code du travail impose aux employeur de mettre à disposition des travailleurs les moyens d’assurer leur propreté individuelle. Le point sur…
Chaussures de sécurité, casques de chantier, lunettes de protection… : voici une liste des principaux EPI à fournir aux salariés sur vos chantiers…